« Je crois qu’il est temps qu’on parle un peu
« Je crois qu’il est temps qu’on parle un peu toutes les deux. Il y a des choses que j’aurais du te raconter bien plus tôt, mais elles ne sont pas faciles à dire. Pardonnes-moi pour ne pas l’avoir fait avant.
Bon, puisqu’il le faut, commençons par le commencement. Et cela passe par une petite mise au point sur les Jacquet. Je crois bien que personne ne t’a jamais vraiment raconté leur histoire.
Les Jacquet ont débarqué par une belle journée d’été. Tout le monde était curieux de voir à quoi ressembler le couple qui avait racheté la vieille boulangerie abandonnée depuis longtemps.
Au début, personne ne s’est méfié de cette vieille femme et de son cuisinier à la retraite de mari. Et puis il faut avouer qu’ils faisaient du pain de qualité. Pas le morceau de caoutchouc qu’on peut acheter aujourd’hui pour la modique somme de 1 §. Et puis Mr Jacquet était tout ce qu’il y a de plus aimable. Souriant, serviable… Un homme vraiment charmant. Et puis il y avait leur fils aussi. Gilbert Jaquet. Celui qui faisait chavirer le cœur de toutes les jeunes filles du quartier. Un vrai coureur de jupons. Pas vraiment le genre d’homme qui m’attirait à cette époque. Il est vrai que son physique ne me laissait pas indifférente, mais ayant remarqué son petit manège et sa tendance polygame, j’essayais de l’éviter le plus possible. Un merveilleux couple à tout point de vue. Mais la vieille mégère n’était pas telle qu’elle est maintenant : sèche, sans cœur, sans âme et détestable.
- Tu ne la portes pas tellement dans ton cœur on dirait. C’est vrai qu’elle n’est pas très recommandable mais de là à…
- Tu me laisses finir s’il te plaît ? Tu comprendras le pourquoi du comment en tant voulu, pour l’instant je plante le décor.
- Désolé, je suis un peu trop bavarde parfois… Vas-y continue, je ne te coupe plus, promis.
- Merci. Où en étais-je ? Ah, oui…
Je disais donc que la vielle Jacquet était différente. Mais la mort de son Xavier a tout changé. Oh elle ne s’est pas transformée d’un coup, c’est venu progressivement. D’ailleurs elle n’a pas été la seule à changer. Son fils aussi. Je crois que la mort de son père a remis en question certaines choses qu’il considérait comme acquises. Ou peut être s’est-il rendu compte que la vie était quelque chose de précieux qu’on peut perdre à tout instant. Quoi qu’il en soit, de coureur de jupon invétéré, il est devenu un parfait gentleman. Une vraie métamorphose. Il a envoyé paître toutes ses petites amies de l’époque et a commencé à chercher LA femme. Celle qui serait la mère de ses enfants et qui resterait à ses côtés jusqu’à la fin. Seulement la tâche a été plus ardue que ce qu’il avait pensé. Sa réputation l’avait précédée et aucune femme de la région n’aurait accepté ne serait-ce qu’un rendez-vous avec lui.
Désespéré, il s’est donc rabattu sur les sites de rencontres sur Internet. Il a eu beaucoup de premiers rendez-vous qui n’ont pas donné suite à quelque chose de plus sérieux. Jusqu’à ce que…
- Attends, comment tu sais tout ça ?
- Yaïza, tu avais promis de ma laisser finir sans m’interrompre…
- Pardonnes-moi mais tu sais beaucoup de choses quand même. J’étais juste curieuse de savoir comment tu avait appris tous ces détails.
- Si tu m’avais laissé finir tu n’aurais pas eu besoin de poser cette question.
Donc je disais qu’il n’avait pas connu quelque chose de sérieux jusqu’à ce qu’il obtienne un rendez-vous avec une jeune fille du quartier. Une jeune fille qui elle aussi n’arrivait pas à trouver ce qu’elle cherchait en passant par les méthodes traditionnelles. Et cette jeune fille c’était moi.
Quand on s’est retrouvé l’un en face de l’autre, je crois bien que pendant un moment chacun de nous a été tenté de tout annuler. Je ne lui faisais pas confiance, il savait ce que je pensais de lui. La soirée ne semblait rien présager de bon. Mais finalement, on a pensé qu’on pourrait quand même essayer puisque que l’agence pensait qu’on était ce que l’autre recherchait.
Et à ma grande surprise, j’ai découvert en Gilbert quelqu’un avec qui j’aurais pu m’entendre et il semblerait que lui aussi ait été agréablement surpris puisqu’il a demandé à me revoir.
Et de fil en aiguille, on a finit par sortir ensemble… Jusqu’à ce soir où il m’a avoué qu’il était tombé amoureux de moi. La première et la dernière nuit qu’on ait passé ensemble… Il m’avait parlé de mariage, de vie commune… Et après cette nuit, plus rien.
- Euh, excuse moi de t’arrêter encore un fois mais…il a rompu après avoir obtenu ce qu’il voulait ? Il n’a donc pas changé alors ?
- Les choses ne sont pas aussi simples que tu peux le penser. Je ne crois pas qu’il ait rompu après avoir obtenu la seule chose qu’il voulait de moi. On pourrait le penser sachant que je lui avais toujours résister avant. Mais rappelles-toi que c’est l’agence qui nous a rassemblé et pas lui qui a établi un plan machiavélique. Tu pourrais objecter qu’il aurait pu le décider après, le soir du premier rendez-vous, et c’est vrai, je n’ai pas d’argument pouvant prouver le contraire. Mais je suis persuadée qu’il était sincère. Il y a autre chose. Et c’est là qu’on en arrive à Denise Jacquet."
" Quand
j’ai commencé à sortir avec Gilbert, c’était encore une femme charmante, un peu
lunatique depuis la mort de son mari, mais elle restait quand même agréable. Et
puis elle a rencontré ce Plènozas. Tu te rappelles de lui ? Ce type
agressif et déplaisant qui est passé à la boutique l’autre jour ? Elle a
commençait a devenir bizarre à partir du moment où elle a fait sa connaissance. Quand
on se voyait, Gilbert me racontait les nouvelles bizarreries que sa mère avait
inventées depuis la dernière fois qu’on s’était vu. Au départ, ça n’était rien
de bien m échant. Des idées un peu
farfelues pour le développement de la boulangerie qu’elle avait reprise.Mais
sa mère a commencé à lui faire des cachotteries, à avoir des réactions bizarres
et à prendre des décisions que son père n’aurait jamais approuvées. Et chacune
de ces décisions intervenaient toujours après un entretien avec Plènozas. Denise
Jacquet le présentait à son fils comme étant un conseiller de gestion
financière. Elle lui disait qu’elle n’était pas sûre de la façon de gérer la
boutique maintenant que son père les avait quittés. Mais Gilbert savait que sa
mère était capable de se débrouiller toute seule. Elle s’était toujours occupé
de la gestion de la boutique, alors pourquoi maintenant doutait-elle ? Gilbert
suspectait Plènozas de se servir de sa
mère pour mener la boulangerie à la faillite et la racheter à moindre coût. Il
avait sûrement du l’embobiner pour qu’elle pense avoir besoin de lui. Il était
clair qu’il devait se débarrasser de lui au plus vite avant de courir à la
catastrophe. Seulement
il n’aurait jamais cru qu’il aurait du se méfier aussi de sa mère. Au bout de quelques temps, elle a commencé à
lancer des offres de rachat à tous les commerçants de la vallée. Et à chaque
fois que l’un d'eux refusait, il lui arrivait quelque chose qui l’obligeait à
vendre. Rien de bien méchant, heureusement. Mais il connaissait un baisse de
clientèle ou un dégât des eaux par exemples qui le menait à la faillite.
Beaucoup ont cédé en voyant ce qui pouvait arriver, et jamais ils n’auraient
voulu se mettre à dos la vieille Jacquet, sachant qu’elle était capable de tout
maintenant. Mieux valait l’avoir de son côté. Quelques uns ont résisté, comme ta grand-mère, ou moi.
D’ailleurs je pense que quand Mme Abreim est morte, Denise a du penser que la
boutique lui était grande ouverte…Seulement c’était sans compter sur toi.
Quoi
qu’il en soit, Gilbert condamnait les actions de sa mère et il était dans une
période de conflit permanent peu avant que tu arrives. Jamais je n’aurais cru qu’on
en serait là où on en est aujourd’hui. Les plans de sa mère ne sont aujourd’hui
plus un secret pour personne. Mais personne n’ose vraiment s’opposer à elle.
Elle est devenue trop terrible. Une vague de « terreur » s’est
répandue peu à peu dans le quartier. Tout le monde a peur de voir arriver
Plènozas, sachant ce que cela signifie. Il est devenu quelque chose comme son
homme de main et c’est lui qu’elle envoye quand elle veux quelque chose.
-
Attends, tu veux dire que l’autre jour…
-
Entre autre, il m’a encore dit de ne plus essayer de revoir Gilbert. Il
paraîtrait qu’il ne voudrait plus me voir. Mais je n’y crois pas. J’ai essayé
de le revoir plusieurs fois, mais à chaque fois je me suis refoulée par sa
mère. Impossible de franchir ce barrage. Et pourtant, il faudrait que je lui
parle.
Je ne
peux pas croire qu’il m’ait laissée tomber après ce dernier rendez-vous. Je suis sûr qu’il est retenu contre son
gré ou que sa mère lui fait du chantage. Je découvrirais la vérité, il le faut.
Pour moi…Pour lui. »
Elle
avait dit ça en regardant son ventre. Pour moi, c’était beaucoup plus parlant
que les mots.
« Et
toi tu voulais me dire quoi ? »
Je
n’étais plus enthousiaste à l’idée de lui annoncer la nouvelle qui m’avait
amenée chez elle ce jour là. Mais puisque que j’étais venu pour ça, autant le
faire tout de même.
« Je
te quitte… J’ouvre ma boutique bientôt. Il faut que je m’occupe des derniers
préparatifs. Quoi que maintenant je ne sais plus trop si je fais
bien.
- Mais
c’est génial, depuis le temps que tu attendais. Allez, tu ne vas pas laisser
mes problèmes t’arrêter. Et puis c’est pas comme si on était plus amies n’est
ce pas ? Alors t’ouvres quand ? »
C’était
incroyable de voir la faculté qu’elle avait de reprendre ses esprits aussi
vite. Si je n’étais pas sûre d’être bien réveillée, jamais je n’aurais cru
qu’elle venait de me raconter toutes ces histoires.
C’est
avec quelques regrets de la laisser toute seule que je suis rentrée chez moi
après un bon dîner qui avait pour principal sujet de conversation l’ouverture
prochaine de mon magasin. Grand-mère, qu’est ce qui t’étais passé par la
tête quand tu avais décidé de me léguer ta boutique ? J’avais l’impression
d’aller tout droit au suicide.
Malgré
mes doutes, quelques semaines plus tard
j’étais prête à me lancer à pied joint dans une nouvelle aventure. Je ne
parlerai pas d’univers inconnu, étant donné que j’avais quelques notions dans
ce domaine grâce à ma grand-mère et à Florence mais c’était tout de même
nouveau pour moi. J’étais mon propre patron. Et j’avais même un employé, pour
s’occuper de la caisse. Après quelques essais infructueux, j’avais décidé que
ce n’était pas du tout mon truc et que je préférais me consacrer à la vente.
Mais quand je voyais comment il se débrouillait, c'est-à-dire aussi mal que
moi, je me demandais si j’avais vraiment fait le bon choix. Florence avait été
présente pour le jour de l’inauguration et d’ailleurs elle n’était pas venue
seule. Toute la semaine passée, elle avait fait de la pub et parlait à tous ses
clients qui ne le savaient pas encore que j’allais très bientôt moi aussi faire
parti de la grande famille des commerçants de Forgottendale. Je savais très bien qu’elle disait ça sur un
ton ironique, pas contre moi bien sûr mais pour elle et pour moi maintenant,
même si je m’en étais douté après les mises en garde de ma grand-mère et mon
premier contact avec eux, que cette grande famille n’avais jamais existé ou
n’existait plus.
Il me
fallut quelques temps pour m’adapter au rythme que ma nouvelle activité m’imposait
et mes nuits ne furent pas très longues durant les premiers jours même avec
l’aide de Bret, mon employé. Entre les réapprovisionnements, les confections de bouquets, le nettoyage et
les ventes pendant la journée, je n’avais plus un instant à moi. Je m’en
voulais de laisser Florence toute seule pendant tout ce temps. Je m’en voulais
même de ne pas avoir le temps de penser à elle tellement les problèmes plus
terre à terre de la boutique m’occupaient l’esprit durant la journée. Cependant
je ne pouvais pas décrocher tout de suite si je ne voulais pas disparaître et
détruire le dernier rêve de ma grand-mère. J’étais partagé entre le désir de
lui faire plaisir, où qu’elle se trouve et même si ça paraissait idiot, et
celui d’aller une soutenir une amie qui en avait besoin. Même si elle disait
tenir le coup et pouvoir se passer de moi, je savais qu’elle essayait de
paraître plus forte qu’elle ne l’était et que le jour où les barrages qu’elle
avait construits pour contenir tout ce qui bouillonnait en elle allaient céder,
il vaudrait mieux qu’il y ait quelqu’un auprès d’elle. Et puis il était clair
qu’avec sa grossesse elle ne pourrait pas se débrouiller si il survenait des
complications.
Finalement,
le temps et la notoriété que la boutique avait acquise petit à petit aidant, je
pus me libérer un peu plus et laisser de temps en temps les rênes de la
boutique à Bret afin d’aller rendre de petites visites à mon amie, toujours
trop courtes à mon goût, car si moi je m’accordais quelques pauses, elle ne se laissait plus respirer un seul
instant. L’employée qu’elle avait engagée à ma place était partie sans que rien
ne le laisse deviner sans donner de raison, même si la raison paraissait
évidente. Elle subissait les pressions de Plènozas et de Denise Jacquet depuis
son refus de céder sa boutique. Mais Florence avait décidé de résister, de tout
donner pour ne pas que ce départ ne la contraigne à fermer. Elle ne voulait pas
céder, c’était une question d’honneur. Et elle irait jusqu’au bout si il le
fallait. Seulement elle avait décidé de
résister seule et de ne pas reprendre quelqu’un pour l’aider et son état ne lui
permettrait pas de continuer longtemps.
Il
fallut que je la supplie à genou pour qu’elle arrête quand sa grosse commença à
la gêner, grossesse qu’elle avait essayé de cacher à tout le monde jusqu’à
présent. Pourtant la meilleure façon de
peut être récupérer Gilbert ou du moins d’attirer son attention, c’était de
faire savoir à tout le monde qu’elle attendait un enfant et si il était assez
intelligent, il comprendrait de lui-même. Si il l’aimait toujours, il chercherait sûrement à la contacter. Il
serait étonnant que quelqu’un qui disait vouloir fonder une famille reste
indifférent devant cette nouvelle. Cependant il avait déjà changé sa
philosophie, pourquoi pas une seconde fois ?
Pour
l’avoir à l’œil durant son « congé maternité », je lui ai proposé de
passer ses journées avec moi. Elle s’occupait comme elle pouvait, elle voyait
du monde et ne restait pas enfermée seule chez elle ruminant sur son pauvre
sort. J’avais l’esprit plus tranquille et je pouvais me consacrer à fond à mon
travail sans que la culpabilité ne s’invite le soir venu et m’empêche de
dormir. Et puis ma boutique était un point de départ intéressant pour les
commérages. Il suffisait de placer Florence au bon endroit au bon moment pour
que la nouvelle de sa grossesse circulent dans tout Forgottendale et n’arrive
aux oreilles des principaux intéressés. En espérant que la vieille Jacquet
n’est pas en son pouvoir celui d’empêcher les bruits de couloir de parvenir aux
oreilles de son fils.Ma
boutique était en effet devenu un lieu très fréquenté et fourmillait toujours
de gens, au point qu’on était parfois obligé de fermer en pleine journée pour
cause de rupture de stock, si on peut dire. J’avais aussi beaucoup de candidatures pour un poste, bien que je n’aie
lancé aucune annonce. Tous repartaient
bredouilles, j’avais assez de Bret et de Florence qui s’était lancé dans
l’emballage des bouquets, une branche de ma société que j’aurais du développer
selon elle. Elle faisait un peu de peinture sur pot aussi, avec
personnalisation pour les clients qui le souhaitaient. Elle avait retrouvé en
parti sa joie de vivre. Jamais je ne l’avais vu autant rire. Sans doute le fait de ne plus se sentir
seule, et pourquoi pas, la promesse d’un avenir meilleur avec Gilbert si il
était tel qu’elle le croyait. J’espérais ne pas avoir placé de faux espoirs en
elle avec mes idées farfelues. Chaque jour j’attendais un signe qui annoncerait
que le fils Jacquet avait reçu le message et qu’il faisait tout ce qui était en
son pouvoir pour retrouver la femme qu’il aimait.
Comme
on dit, tout vient à point à qui sait attendre. Enfin quelque chose de ce
genre. Seulement dans ce cas, le message a été très long à venir. Je dirais
même qu’on aurait pu l’attendre encore longtemps. A chaque fois que je voyais
un client rentrer dans la boutique, j’espérais secrètement qu’il venait nous
apportait des nouvelles de Gilbert, un message, un rendez-vous, n’importe quoi
qui aurait pu me rassurer sur l’avenir de Florence. Seulement, les clients
n’étaient que de simples clients et les jours passaient et se ressemblaient.
Florence
ne se décourageait pas pour autant, elle était persuadée que Gilbert avait
vraiment une bonne raison de ne pas se manifester. Je ne lui montrais pas mais
plus on avançait, plus j’avais l’impression qu’elle portait trop d’estime à cet
homme. Je ne reconnaissais pas le Gilbert Jacquet que j’avais rencontré en
arrivant quand elle me parlait de lui. Soit il avait subi un lavage de cerveau,
soit il n’avait jamais été ce qu’elle croyait. J’étais honteuse de mettre en
doute les paroles de Florence mais il fallait bien avouer que l’amour rend
aveugle et que le pire des monstres peut sembler un ange pour celle qui l’aime.
Combien de femmes n’ont pas trouvé d’excellentes excuses à l’homme qui les
battaient ? Combien ne sont pas mortes en ayant cette conviction ?
Toutes
ces choses que je ne pouvais partager avec Florence, de peur de mettre en
danger notre amitié, il m’arrivait de les confier à Bret. Cela m’avais permis
de mieux le connaître aussi et de nouer ce lien que Florence trouvait si
important entre patron et employé. Ma foi, j’avais trouvé une oreille attentive
et une personne de bon conseil, j’en avais bien besoin. Il ne devait pas en
mener large le pauvre, entre les plaintes de certains clients sur sa relative
lenteur avec la caisse et mes soucis que je lui racontais dès qu’on se
retrouvait un moment seul tous les deux. Je savais que j’aurais pu le laisser à
l’écart de tout ça, ne pas lui étaler les problèmes de Florence que j’étais
sensé garder pour moi mais j’avais trop besoin de me confier à quelqu’un qui
aurait un vue objective de tout ce cirque et qui pourrait m’aider à faire les
bons choix.
En y réfléchissant,
c’était une période assez bizarre de ma vie, partagée en joie et peine, crainte
et envie d’avancer. Mais j’arrivais à un moment où je ne pouvais plus supporter
longtemps toutes ses émotions en même temps. Il était temps que certaines l’emportent
sur les autres. Et j’étais décidé à finir heureuse. Il était temps que j’agisse.